La Torre de Esteban Hambran (Tolède), envoyée spéciale La route qui mène au village de La Torre de Esteban Hambran, dans la province de Tolède, traverse les plaines de Castille et ses champs jaunis par le soleil. Elle longe des vestiges du boom immobilier devenus autant de stigmates de la crise : de grands lotissements construits au milieu de nulle part, déserts, annoncés par les panneaux oxydés de promoteurs ruinés, des colonnes en pierre blanche qui ne soutiennent aucun mur et s'ouvrent sur des champs abandonnés.
Pourtant, tout n'est pas que ruine et rêves brisés dans cette région, qui produit près de la moitié du vin espagnol. Ici, Maria Marsans, propriétaire du domaine vinicole Arrayan, a fait de la crise une chance. Son histoire illustre le changement de stratégie de nombreuses entreprises espagnoles qui ont dû se tourner vers l'étranger pour surmonter la déroute espagnole et la chute de la consommation. Un changement de stratégie qui se lit dans les chiffres du commerce extérieur du pays : en avril, selon des données publiées mercredi 19 juin, les exportations ont augmenté de 18,6 % par rapport au même mois de 2012. Sur un an, le déficit commercial a chuté de 51 %, et le pays est désormais excédentaire vis-à-vis de l'Union européenne.
En 2008, Arrayan exportait à peine 27 % de sa production de vins. Quatre ans plus tard, en 2012, les ventes à l'étranger représentent plus de 89 % du total. Ce virage lui a permis non seulement de compenser la baisse de la demande interne, mais aussi d'augmenter ses ventes, de 68 000 bouteilles en 2008 à 94 000 en 2012. Son cas n'est pas isolé. En 2012, les ventes de vin espagnol ont augmenté de 11,8 % en valeur, selon l'Observatoire espagnol du marché du vin (OEMV). Elles s'étaient déjà accrues de 16,7 % en 2011.